Les Bandes Originales de 2010

- La Bande Originale de l'année : Tron.
Un tournant musical dans la carrière des Daft Punk ? Le duo le reconnait volontiers et semble totalement charmé par son expérience. L'oeuvre présente des thèmes solides, une orchestration de qualité et une recherche sonore impressionnante, riche de références et influences assumées, de Vangelis à Glass, Armstrong, Davis, Mansell, Jarre, Steiner... Les Daft ont eu un coup de main de taille, car outre Bruce Broughton cité en "Orchestration Consultant", c'est de Remote Control qu'ils ont été bien entourés : Hans Zimmer, Harry Gregson Williams et John Powell sont crédités, le mixage a eu lieu aux Remote Control Studios de Santa Monica, et l'orchestre est dirigé par le très zimmerien... Gavin Greenaway ! Une grosse année de travail, fait avec passion et précision, ce Tron est un indispensable. Dommage que la multiplication des pistes exclusives (iTunes, Amazon, Special Edition...) enlève toute cohérence globale à l'oeuvre.

- Le Compositeur de l'Année : John Powell.
4 B.O pour le compositeur britannique cette année, et quelles B.O ! La plus massive reste sans conteste Dragons, qui s'impose comme une vitrine de ses scores animés. Thèmes d'un lyrisme incroyable, dimension épique phénoménale et narration musicale malicieuse en font une démonstration jouissive de ce que doit être une musique de film qui peut exister pour elle-même. Ensuite, Night & Day et Fair Game, un peu dans la veine de The Italian Job, sont des œuvres plutôt funs, très rythmées et très électroniques. Moins de génie, mais un entertainement réussi et quelques pistes fantastiques (Running from Roy, Hostage, The White House...). Enfin, Green Zone, plus difficilement  abordable, d'une qualité d'écriture remarquable et constante, qui ne s'interdit pas quelques coup d'éclats thématiques (Chaos/email) et, reste dans la lignée du travail de Powell pour les films très documentalistes de Paul Greengrass (comme Vol 93).

- Le Compositeur de l'Année bis : Alexandre Desplat.
4 B.O aussi, qui s'ajoutent à la discographie du meilleur frenchy sur la place. Harry Potter 7.1 est certainement la plus grandiose, où il arrive à se départir du très médiocre travail de son prédécesseur, Nicholas Hooper, à renouer un peu avec le style de Williams (flagrant dans les séquences d'action), et à proposer de nombreux leitmotivs intéressants à défaut de construction thématique majeure. Les 3 autres, restant dans son style plus habituel, imposent sa marque de fabrique : The Ghost Writer, hypnotique et lugubre (fidèle à l'ambiance géniale du film), The King's Speech, sobre, classique et émouvant, et Tamara Drewe, léger et habile. Desplat est à la mode, et c'est tant mieux.

- L'outsider : Trent Reznor offre avec The Social Network une  énorme composition électro-classique, qui confirme qu'il est encore et toujours au sommet de son génie, après les phénoménaux Ghosts, The Slip et le lancement de son nouveau bébé (incontournable) : How To Destroy Angels.

- Enfin, 3 des belles autres réussites de l'année :  Hans Zimmer (Inception), Clint Mansell (Black Swan) et David Arnold (Narnia 3).

- Et en bonus, 2 beaux coffrets en classique, vendus moins de 100 € en fin d'année : Le volume 2 du 111ème anniversaire de Deutsche Grammophon, qui présente toujours autant de références indispensables du géant teuton que le premier volume. 56 CDs superbement packagés avec leurs visuels originels. Le second coup de coeur va au coffret anniversaire de Leonard Bernstein,  "The Symphony Edition", qui offre les enregistrements Sony avec le philharmonique de New York, comprenant l'intégrale des symphonies de Mahler, Sibelius, Beethoven, Tchaikovsky, Schumann, et de nombreuses de Chostakovitch, Mozart, Prokofiev... en 60 CDs.